LwM2M “device management” pour objets connectés – L’Embarqué
IoTerop se fait le champion du protocole de “device management” pour objets connectés LwM2M
Article par Pierrick Arlot, L’Embarqué
La jeune pousse montpelliéraine IoTerop commercialise depuis 2017 une pile protocolaire de faible empreinte mémoire qui rend n’importe quel objet connecté conforme aux standards LwM2M, Ipso et CoAP. Cette pile logicielle permet les mises à jour de firmware over-the-air, la gestion à distance (provisionnement, configuration, contrôle-commande, diagnostic…), la récupération de données en environnements contraints et la sécurisation des communications.
Créé en 2016 en tant qu’éditeur de piles logicielles de communication, de sécurité et de gestion à distance pour objets connectés, le montpelliérain IoTerop est aujourd’hui considéré comme l’un des (très) rares spécialistes de la technologie LightWeight M2M (LwM2M). Approuvé en 2017 dans une version 1.0 par l’organisme de standardisation OMA SpecWorks pour le marché des communications de machine à machine (M2M) et de l’Internet des objets (IoT) industriel, ce protocole a connu fin 2018 une évolution majeure qui lui a ouvert, au-delà des réseaux « traditionnels » de communication cellulaire 2G/3G/4G, le monde des réseaux radio longue portée et basse consommation LPWAN (et plus généralement les réseaux non bâtis sur le protocole IP) (lire notre article ici).
« Ce protocole répond parfaitement aux trois problématiques de l’Internet des objets, indique Hatem Oueslati, CEO et cofondateur de IoTerop, dont la pile logicielle commerciale IOWA pour produits IoT implémente le standard LwM2M. Il amène tout d’abord des services de device management aux opérateurs, comme l’inscription et le provisionnement à distance des objets connectés, la gestion du leur cycle de vie, la mise à jour over-the-air (OTA) des logiciels de bas niveau, ou la reconfiguration à la volée. LwM2M assure également la sécurité avec des mécanismes d’authentification et de chiffrement des communications de bout en bout. Il garantit enfin l’interopérabilité en prônant des services communs et notamment une sémantique pour la remontée des données issues de différents capteurs. »
David Navarro, Jacques Bourhis et Hatem Oueslati, les trois fondateurs de IoTerop
Pour comprendre pourquoi IoTerop a su devenir incontournable sur ce créneau de la gestion à distance d’objets connectés en seulement deux ans et demi d’existence, il faut revenir sur le passé de ses trois fondateurs, Hatem Oueslati, Jacques Bourhis, l’actuel directeur technique de la start-up, et David Navarro, le directeur produits de la jeune pousse. Au début des années 2000 en effet, les trois hommes travaillaient pour la société Palm, pionnière aujourd’hui oubliée du marché des smartphones, où ils purent acquérir de fortes compétences dans les piles logicielles de communication à vocation embarquée, notamment autour de la technologie Bluetooth. Un savoir-faire qui, par une succession d’acquisitions, passa chez l’éditeur japonais Access Software, puis chez Intel en s’étoffant de connaissances approfondies sur divers protocoles et, en particulier, le protocole de gestion à distance d’appareils mobiles OMA-DM (Device Management).
De l’OMA-DM au LwM2M
« Lorsqu’en 2015, Intel a décidé de réduire la voilure dans la téléphonie mobile et de fermer ses activités de recherche et développement à Montpellier, nous avons décidé d’exploiter notre savoir-faire en saisissant l’opportunité qui se présentait avec l’émergence de l’Internet des objets, rappelle Hatem Oueslati. Car il nous apparaissait déjà évident que l’IoT poserait des défis en termes de device management et de sécurité. » Déjà impliqués dans les travaux de divers organismes de standardisation dans le cadre de leurs précédentes fonctions, les dirigeants de IoTerop ont donc participé de manière étroite à l’élaboration du protocole LwM2M, déclinaison – comme son nom l’indique – du protocole OMA-DM.
Dans le détail, LwM2M est un protocole de télémétrie et de gestion opérationnelle à distance adaptée aussi bien aux passerelles de l’Internet des objets qu’aux capteurs et équipements à ressources contraintes. Il repose sur l’architecture Rest (Representational State Transfer) de l’IETF (Internet Engineering Task Force), définit un modèle extensible de ressources et de données et s’appuie sur le standard de transmission sécurisée CoAP (Constrained Application Protocol), variante de HTTP conçue pour les réseaux à bande passante limitée et basse consommation. Si l’on en croit l’organisme OMA SpecWorks, issu en 2018 de la fusion de l’OMA (Open Mobile Alliance) et de l’alliance Ipso (IP for Smart Objects), plus de 25 sociétés mettent aujourd’hui en œuvre le protocole LwM2M dans leurs produits ou plates-formes de services à l’instar d’Arm, AT&T, Ericsson, Gemalto, Huawei, Microsoft, Nokia, Sierra Wireless, Telit ou u-blox.
Prêt au déploiement du LwM2M 1.1
IoTerop, pour sa part, l’a intégré dans son kit de développement logiciel SDK IOWA (illustration ci-contre) que la start-up commercialise depuis la mi-2017 auprès des fabricants d’objets connectés industriels ou d’intégrateurs métier. Fournie avec une API performante nécessitant tout ou plus l’écriture d’une dizaine de lignes de code supplémentaires par le constructeur, la pile IOWA rend n’importe quel objet connecté conforme aux standards LwM2M, Ipso et CoAP et d’y intègrer aussi les protocoles de sécurité TLS, DTLS et Oscore. En ce sens, elle permet les mises à jour de firmware over-the-air, la gestion à distance (provisionnement, configuration, contrôle/commande, diagnostic…), la récupération de données en environnements contraints et la sécurisation des communications au travers de services de chiffrement et d’authentification.
« Nous sommes prêts à déployer le protocole LwM2M dans sa version 1.1 qui a été finalisée en 2018 et qui permet de l’utiliser aussi bien sur des réseaux IP (2G/3G/4G/LTE-M) que sur des infrastructures non IP (LoRaWAN, SMS, NB-IoT…) avec un surdébit très faible, précise Hatem Oueslati. Nous participerons en octobre prochain à Séoul aux tests d’interopérabilité ad hoc organisé par l’organisme OMA SpecWorks en confrontant notre pile IOWA pour objets connectés aux implémentations réalisées par les sociétés spécialistes des infrastructures IoT. »
Des collaborations avec Kerlink et Synox
Parmi les premières sociétés à travailler avec IoTerop, on citera en particulier le fournisseur de stations de base pour réseaux IoT longue portée et basse consommation compatibles LoRa Kerlink. Celui-ci exploite la solution IOWA de la start-up en tant que protocole de gestion des équipements connectés pour les réseaux de capteurs et les environnements M2M. Elle permet aux clients B2B de Kerlink de gérer le cycle de vie de leurs produits et de mettre également à jour aisément leur microprogramme à distance.
Parmi les autres partenaires de IoTerop figurent aussi l’opérateur de services IoT Synox auquel le montpelliérain apporte, tout comme pour Kerlink, une version « débarquée » (c’est-à-dire une version pour infrastructures réseau de sa pile IOWA). « Plus globalement, notre offre cible des marchés très divers, ajoute encore le dirigeant de IoTerop. Cela va de l’automobile, pour la mise à jour de logiciels OTA, au nucléaire, pour la remontée des données de maintenance et la prise en main d’automates à distance, en passant par les compteurs d’eau, de gaz et d’électricité, pour la gestion du cycle de vie et l’introduction de nouvelles fonctionnalités, ou encore la gestion et l’instrumentation de conteneurs de fret. » Parmi ses clients, la start-up, dont l’effectif s’élève aujourd’hui à une dizaine de personnes, cite notamment AKKA Technologies, EDF, Adeunis RF ou Traxens. 2019 devrait être une année charnière pour la jeune société, qui s’est pour l’heure développée principalement sur fonds propres, avec la perspective d’une levée de fonds qui lui permettra d’accélérer son développement commercial à l’étranger.